TENSION AUTOUR DE LA PLAINE DE FONFONA

TENSION AUTOUR DE LA PLAINE DE FONFONA
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Le jeu dangereux du gouverneur de Koutiala 

Le général de brigade Abdoulaye Cissé a fait face, mercredi 27 septembre dernier, aux populations de Fonfona. Il accompagnait El hadj Mamadou Daouda Diarra, un opérateur économique qui se spécialise désormais dans l’accaparement des terres dans la région.

On se demande toujours comment le chef d’exécutif de Koutiala s’est laissé ainsi berner par cet homme qui veut s’approprier désormais les terres des pauvres paysans de Koutiala, qui n’ont que ces ressources naturelles pour survivre. En tout cas, la chance ne lui a pas encore souri à Fonfona.

Faut-il le rappeler, ce même gouverneur avait été saisi par les forces vives de la commune, à travers une correspondance, afin qu’il informe l’opérateur en question que son projet n’était pas la bienvenue. Les raisons de ce refus avaient été expliquées dans ledit document. Malheureusement, le gouverneur ne semble pas avoir compris le message. Il a est désormais pointé du doigt à Fonfona, pour être le responsable de tout ce qui adviendra après son passage en cachette avec l’opérateur économique désavoué.  Voulant défier la population, Abdoulaye Cissé met en danger Dioro Madou et contribue à grossir la tension à Fonfona. Ce qui n’arrange ni le gouverneur ni les autorités de transition. Ce qui interpelle directement les plus hautes autorités à trancher le dossier. Cette plaine reste quand même celle de Fonfona. Elle est loin de Dioro, le village natal de Madou, où il peut avoir des centaines d’hectares à cultiver en riz et foutre totalement la paix aux paysans de Koutiala une fois pour toutes.

De l’anguille sous roche ?      

Se présentant sur les lieux, le gouverneur n’a informé ni le sous-préfet de M’Pessoba, qui venait de terminer une rencontre avec les parties,  ni le chef de village de Fonfona, propriétaire de la plaine. Ce fut une grosse erreur de la part du chef de l’exécutif, qui s’est livré aux questionnements des paysans sur place, se faisant traiter par eux comme un citoyen ordinaire. Ce qu’il a cherché hélas !  Les observateurs se sont demandés : comment le représentant de l’Etat peut se prêter à ce jeu, au moment où l’Etat lui-même a réhabilité officiellement les chefs de village et accorde désormais une importance particulière  au diagnostique communautaire pour la stabilité du pays, aujourd’hui fortement secoué par les tensions communautaires ?

A noter que cette partie de la plaine fait l’objet de litige foncier il y a plusieurs mois. Opposant le maire à tous les forces vives de la commune.  Du tribunal de grande instance de Koutiala, le maire a fait appel à la Cour d’appel de Bamako. C’est en attendant le verdict que le Gouverneur, on ne sait pas pour quelle raison, s’est fait inviter sur les lieux, pour contribuer à la tension.

Il y a quelques années de cela, le  maire de la commune Harouna Coulibaly, un enseignant à la retraite, est arrivé au village dans le cadre de son service et  s’est lancé dans la prédation foncière. Ainsi, il a eu à trimbaler beaucoup de ses frères paysans devant les tribunaux.

Cette fois-ci, en collaboration avec l’opérateur économique El Hadj Mamadou Daouda Diarra dit Dioro Madou, ils veulent entrer en possession de cette partie de la plaine classée non cultivable, servant ainsi  de pâturage pour les troupeaux et en même d’évacuation des eaux de ruissèlement. Il s’agit d’environ cinquante hectares, dont huit aménagés pour l’usage du seul maire et son collaborateur. Quel abus de pouvoir ?

A la limite, ces périmètres sont aménageables, si c’est pour un intérêt public. Mais comment accepter stocker de l’eau dans les champs des autres pour l’intérêt du seul maire ? En tout cas, très difficile.

Rappelons que dès le début, le conseil communal avait dit non au projet qui ne pouvait que créer des problèmes au village. Pour la chefferie, la plaine est bien commune. Mais au besoin, pour exploitation, on passe par le chef de village avant de procéder à quoi que ce soit. Ont-ils procédé ainsi ? Rien n’est moins sûr.

N’Golo Coulibaly

Mali Coura Media