PAIEMENT DE LA REDEVANCE DE PEAGE PAR PASSAGE

PAIEMENT DE LA REDEVANCE DE PEAGE PAR PASSAGE
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Pourquoi les autorités de transition doivent revoir leur copie

C’est connu de tous, le système de péage est en passe de devenir dans notre pays un facteur de division entre autorités compétentes et usagers du réseau routier national. Ce, à cause de l’augmentation des tarifs journaliers par nombre de passages pour chaque catégorie ou type de véhicules en circulation.

Au niveau des postes de péage, au lieu de taxe unique initialement valable pour toutes les 24 heures, le Gouvernement de la transition a décidé unilatéralement à ce qu’à chaque traversée, les automobilistes mettent la main à la poche pour acheter en espèces sonnantes et trébuchantes des tickets. Même après quelques minutes d’arrêt, il va falloir prendre un nouveau ticket pour franchir la barrière. C’est ce système de paiement de redevance de péage par passage qui suscite depuis février dernier la colère des usagers et d’énormes difficultés dans le secteur des transports routiers.    

Le système que tient à imposer le Gouvernement de la transition en matière de péage daterait de février 2017. Mais, vu la crise socioéconomique à laquelle sont confrontés les Maliens, le régime d’IBK  n’a pas voulu mettre cette mesure en application. Par contre, ce qui semble intéressant pour le nouveau ministre de des Transport, ancien Secrétaire général dudit département, c’est comment renflouer les caisses de l’Etat avant la fin de cette période de transition. Sinon, avec la crise due au coronavirus, aux dégâts collatéraux du coup d’Etat militaire et à la crise sécuritaire que traverse le pays depuis 2012,   le bon sens leur aurait guidé à surseoir à la mise en application de telle mesure impopulaire. Sans tenir aucunement compte de la précarité des conditions d’existence des Maliens, le ministre Makan Fily Dabo tient à ce que les tarifs appliqués jusque-là soient seulement revus à la hausse. Mais au lieu que la validité des tickets délivrés par les services de péages soit de 24 heures comme d’habitude et dans tous les pays de la sous-région, eux, ils la rendent quotidienne (c’est-à-dire après chaque traversée). De nouvelles hausses tarifaires sont en cours d’imposition depuis février 2021. Il s’agira d’un taux d’augmentation devant équivaloir 0,76%.  Officiellement, les autorités déclarent que c’est  pour leur permettre de pouvoir financer le nouveau plan d’investissement routier en cours. Selon une source proche du dossier, le financement de ce projet de construction ou d’aménagent du réseau routier national du Mali (long de plus 22.700 km) est évalué à plus de 800 millions d’euros et  que les travaux doivent commencer d’ici à la fin de l’année en cours. Le projet est financé à la fois par les collectivités locales et la hausse des tarifs des péages.

Cependant, selon nos sources, les magistrats, les porteurs d’uniformes, les préfets, les maires et autres hauts fonctionnaires de l’Etat, eux, ne s’acquittent pas de cette nouvelle mesure, trop coûteuse pour les populations.  Or, pour l’entretien du réseau routier national, le Gouvernement a besoin de plus de 22 milliards de francs CFA par an.  Donc, où avoir tout cet argent pour entretenir toute cette infrastructure ? Selon l’Autorité routière, les ressources mobilisées par le péage sont de l’ordre de 2,5 milliards de francs CFA par an (sur 50 milliards nécessaires).  Ce qui entraine un déficit important, un manque à gagner à trouver forcément.

Mais ce qui  devient plus préoccupant encore, c’est que les fonds collectés ou perçus sur le pauvre contribuable malien ne sont pas utilisés à l’entretien routier. Ces fonds issus du péage sont soient détournés ou engloutis dans le paiement des salaires des agents employés. Tenez-vous bien : au lieu de trois (3) agents percepteurs par poste de péage, souvent on retrouve à plusieurs endroits près de dix (10) agents et tous des salariés ou pris en charge par le petit poste de péage. Un surnombre occasionné par les responsables des partis politiques de l’ex-majorité présidentielle, des autorités du service routier. Or, dans les textes prévisionnels, les recettes collectées au niveau de chaque poste de péage se répartissent comme suit : 90% destinés à l’entretien routier, 7% à la maintenance et au renouvellement des équipements du poste en question, 3% pour appuyer les efforts de développement de la collectivité locale qui abrite le poste.

Ce qui fait que le fonctionnement du système de péage en place dans notre pays rencontre de sérieux problèmes. Notamment, dans la politique de gestion des fonds récoltés. Aussi, il y a à la fois de manque de transparence et de surcharges dans l’emploi et la prise en charge des effectifs du personnel en charge de la gérance et de l’exploitation des postes.  Voilà toutes les raisons qui ont contraint les transporteurs  routiers à multiplier les grèves depuis  février dernier. C’est dans ce cadre que les syndicats des transporteurs, après avoir épuisé toutes les voies légales auprès des autorités compétentes, ont décidé de faire front commun pour défendre leurs droits légitimes. Dans cette perspective, ils ont déclenché une série de grèves au cours de ces semaines écoulées dont la dernière en date remonte au mardi 9 mars dernier, qui a été un arrêt de travail d’une journée. Et, en cas de non satisfaction de leurs revendications, ils comptent aller à une autre grève de 72 heures, allant du 23 jusqu’au 25 mars, et valable sur toute l’étendue du territoire national et dans tous les secteurs du transport routier.  Les autorités de la transition doivent revoir leur copie, puisse qu’on est à l’approche du mois de carême. Une grève de plus entraînera des frustrations  au sein de la population.  A bon entendeur, salut !

Maï Diallo

Mali Coura Media