Mali-Algérie : jusqu’où ira la tension diplomatique ?
La diplomatie internationale est souvent un jeu subtil de relations, d’alliances et de négociations. Cependant, lorsqu’une étincelle s’allume au cœur de cette toile complexe, elle peut rapidement se propager en un incendie diplomatique aux conséquences imprévisibles.
C’est précisément ce que nous observons aujourd’hui, alors que le Mali et l’Algérie, deux nations liées par des intérêts communs, sont au bord du divorce diplomatique. De plus, un acteur inattendu, le Maroc, a jeté de l’huile sur le feu en s’immisçant dans cette crise déjà tendue.
La tension a atteint un autre niveau lorsque le Mali a rappelé son ambassadeur en Algérie, invoquant le principe de réciprocité. Cette décision, annoncée le 22 décembre par le ministère malien des Affaires étrangères, est la réponse directe aux actes jugés inamicaux et d’ingérence d’Alger dans les affaires intérieures de notre pays.
L’ambassadeur du Mali en Algérie a été rappelé pour consultation. Cette escalade diplomatique a été précédée de réunions entre l’ambassadeur algérien et des séparatistes touaregs, sans l’implication des autorités du pays (Mali). L’Algérie a également reçu l’imam Mahmoud Dicko, une figure de la scène politique malienne et critique du pouvoir en place.
La diplomatie algérienne en question !
L’accord d’Alger, signé en 2015, est l’un des piliers de la médiation algérienne visant à ramener la paix dans le nord du Mali. Cependant, cet accord est gravement compromis depuis la reprise des hostilités en août 2023. Les récentes actions de l’Algérie semblent avoir irrité les autorités en place.
En réponse aux critiques, le ministre des Affaires étrangères algérien, Ahmed Attaf, a rappelé que l’Algérie était attachée à trois principes fondamentaux : l’intégrité territoriale, la souveraineté et l’unité nationale du Mali, la voie pacifique pour garantir la paix, et la réconciliation sans exclusion. Néanmoins, ces principes sont maintenant contestés par les autorités maliennes.
L’imam Mahmoud Dicko, reçu en Algérie, est l’un des rares à exprimer ouvertement son opposition au régime en place. Cette situation fragile rend d’autant plus importante la médiation algérienne pour stabiliser le pays.
Le Maroc, le troisième larron
Cependant, ce n’est pas seulement la relation entre le Mali et l’Algérie qui est mise à l’épreuve. L’ombre du Maroc plane également sur cette crise diplomatique. Le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, était en visite au Maroc, pays avec lequel l’Algérie a rompu les relations diplomatiques en 2021.
La visite du ministre malien au Maroc soulève des questions sur l’implication du royaume dans la crise entre le Mali et l’Algérie. Le Maroc, qui revendique le Sahara occidental, a cherché à renforcer ses liens avec les pays africains, notamment en cherchant à obtenir leur soutien dans la question du Sahara occidental.
La situation entre le Mali et l’Algérie est tendue, mettant en péril un accord de paix crucial pour la stabilité de la région. L’avenir de la médiation algérienne au Mali est incertain et les conséquences de cette crise diplomatique pourraient être profondes et imprévisibles. Il est crucial que les trois nations trouvent un terrain d’entente pour éviter un scénario où l’incertitude et l’instabilité dominent la région.
SOGOBA OUMAR