L’ACCORD DE PAIX DE NOUVEAU PRIS EN OTAGE :

L’ACCORD DE PAIX DE NOUVEAU PRIS EN OTAGE :
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L’Etat malien doit s’assumer

Voilà plus de sept ans que l’Accord d’Alger II, tiré par les cheveux, a été signé sous l’égide de l’Algérie et  l’ensemble de la communauté internationale. Sur papier, tout ou, du moins, un certain nombre d’engagements avaient été convenus entre le Gouvernement de feu Président Ibrahim Boubacar Keïta et les groupes armés, sous l’égide de la communauté internationale qui s’est portée garante de sa mise en œuvre sur le terrain. Mais, au grand dam de tous les observateurs avertis, l’application de cet Accord n’évolue que de façon incertaine. Ce, en ce sens qu’analysant de plus près le processus ainsi enclenché, on constate qu’actuellement c’est la partie gouvernementale qui est en train de consentir plus de sacrifices et faire la vraie preuve de bonne foi pour maintenir le fil de dialogue et faire évoluer le document vers son application effective sur le terrain.

 

Si, sous le Régime défunt, Bamako était dans la contrainte de céder à toutes exigences et réclamations fantaisistes des individus et groupements qui avaient les armes contre la République, contre la patrie commune, à savoir le Mali, sous l’ère de la transition militaire en place, ce sont les intérêts légitimes du Mali, la souveraineté du peuple malien, l’unité nationale  et la stabilité du Mali qui priment.

En effet, relatif au processus de pacification du Mali, force est de constater que, vu l’incapacité de l’ancien régime de s’assumer souverainement, à chaque fois que tout semble bien reparti, c’est de l’espoir déçu. Avant, tant du côté des groupes armés signataires de l’Accord, à savoir la CMA et la Plateforme, que du pouvoir central de Bamako, on était tout le temps dans la fausseté et les tête-à-queue qui étaient restées toujours impunies. Pourtant, la signature du document de l’Accord d’Alger est assortie d’un chronogramme clairement défini dont le Gouvernement et les ex-mouvements rebelles sont tenus de respecter à la lettre. Mais, sept voire huit ans après, c’est quasiment le statuquo, on n’évolue qu’à reculons. Le constat est là, il est incontestable. A cause des comportements paranoïaques du Gouvernement d’IBK et de l’esprit mercantiliste de la partie kidaloise, les exigences de la paix sont toujours confrontées à des sérieuses difficultés. Des revendications sur fond d’intérêts matériels et financiers surgissant les unes après les autres. D’où, dans ces dernières semaines, ce sont les mêmes stratégies, les mêmes futilités du côté de la CMA.

Cependant, ceux qui sont, de près ou de loin, derrière ces nouvelles velléités se trompent lourdement d’époques et de régimes ou de générations de dirigeants. Ils doivent comprendre que le Mali de l’ère IBK et celui des actuels jeunes officiers, il y a une différence. A l’époque d’IBK, l’Etat malien était en manque d’audace. Alors que l’actuel régime ne caresse plus personne dans le sens du poil. C’est la réalité que doivent comprendre les ex-rebelles du Mnla et tous leurs complices internes et externes.

Désormais, le Mali ne fera plus preuve de faiblesse et de caractère d’inertie de Koulouba face à aucune pression néo-paternaliste. Surtout est-il que ni la France ni l’Algérie et l’ensemble de la communauté internationale ne semblent plus se préoccuper de cette crise malienne.

A cet effet, nous voici, près de huit ans après, dans un climat relativement atténué entre les parties signataires du fameux document d’Alger, dans une situation qui ne cesse de se dégrader subitement au cours de ce dernier trimestre : les attaques terroristes meurtrières contre les populations civiles et des conflits intercommunautaires souvent soldées par des victimes innocentes.

Bref, nos frères de la CMA, de l’Azawad retranchés dans leur traditionnelle forteresse de Kidal doivent réaliser qu’on n’est plus à l’heure du détournement du budget de près de 1000 milliards de francs CFA consacrés à la loi de programmation militaire, des crimes économiques restés dans les dédales de la justice. Ils doivent comprendre que la situation de nos forces armées et sécuritaires déployées sur le front s’est beaucoup améliorée. Une réalité qui  se répercute progressivement sur le processus de paix dans une atmosphère où l’on est heureux de constater que même les terroristes sont en perte de vitesse.

De ce fait, l’on doit s’attendre qu’à ce que la médiation arrive à réagir, ne serait-ce que pour situer les responsabilités des uns et des autres dans cette violation de l’esprit de  et l’Accord de paix par les groupes armés qui tiennent toujours à dicter leur loi sur le Mali entier à partir de la ville de Kidal. Cette habitude de reprise des hostilités qui s’est toujours soldée par des bilans très lourds de conséquences avec de morts d’hommes et d’importants dégâts matériels et militaires ne pourra plus tenir.

Désormais, ceux qui ont l’habitude d’apporter aux ex-rebelles une assistance stratégique et logistique pour compromettre l’ensemble du processus de pacification du pays et de réconciliation nationale doivent savoir qu’avec l’actuel gouvernement on ne cèdera plus face aux pressions, à des manigances, de menaces voilés ou de tentatives de trafic d’influence.Car, on ne réussira jamais à appliquer l’Accord d’Alger II  avec cette politique de paranoïa d’antan sur fond de corruption, d’hypocrisie et d’impunité.

Cependant, il est à rappeler à l’adresse de nos décideurs politiques aussi que le régime en place ne doit plus se contenter de faire preuve d’attachement au respect aveugle du contenu dudit accord. Mais, le gouvernement de la transition doit agir afin d’obtenir des résultats concrets sur le terrain. Puisqu’au fond les groupes armés, les terroristes et leurs complices internes ne semblent plus disposés de faire au fond de véritables concessions pour le retour définitif de la paix dans le Nord du pays, à l’échelle nationale et dans l’ensemble de la sous-région sahélienne.

Du côté des médiateurs et des autres partenaires sous la coupole de  la communauté internationale, bien de réalités attestent aussi que c’est  de l’hypocrisie avec un agenda caché. Voilà ce qui explique bien pourquoi, huit ans après la signature de l’Accord d’Alger II, c’est le statuquo, une évolutionclopin-clopant. Donc, à l’Etat ou, par défaut, au peuple malien de savoir s’assumer pour reconquérir la souveraineté nationale intégralement.

Maïmouna Diallo

 

 

 

 

 

Mali Coura Media