Issa Kaou N’Djim, le nouveau « garanké Mamou » de la transition
Homme politique, leader religieux et membre du Conseil national de transition, Issa Kaou N’Djim surprend plus d’un de par ses agissements et ses approches sur la gouvernance au Mali.
Si les autorités de la transition doivent compter sur Issa Kaou N’Djim pour relever le niveau du débat lors des réformes politiques et institutionnelles et se faire comprendre par l’opinion, le bout du tunnel est loin. Cet acteur politique au zénith de la contestation du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques est loin d’être fédérateur. Il est plutôt vu comme oiseau de mauvais augure.
Pour rappel, Issa Kaou N’Djim était de ceux qui ont soutenu Ibrahim Boubacar Keïta en 2013 contre les autres candidats. Après l’accession du président IBK au pouvoir, l’homme a fait la pluie et le beau temps avec le régime en place. Il était considéré comme le bras armé du mouvement politique Sabati 2012, avant de prendre ses responsabilités pour participer à la création de l’autre mouvement politique fidèle à l’imam Mahmoud Dicko, Badeyaton. Face aux limites de ce mouvement dans un contexte politique plus exigeant, M. N’Djim lance la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’imam Mahmoud Dicko. Cette fois-ci, il revendique la direction. Grâce à l’influence de l’imam, le mouvement réussira la sympathie de beaucoup de ses adeptes. Quelques mois après, il rejoint espoir Mali Kura avec son mouvement pour fédérer les actions contre IBK. Le début de la lutte a été laborieux. Seulement, l’homme abandonnera ses frères d’armes en pleine lutte pour changer de fusil d’épaule. Alors que l’unique objectif était le départ d’IBK, Issa Kaou N’Djim se désolidarise pour exiger le départ du gouvernement. Une volteface pour les membres du M5-RFP.
A peine le régime d’IBK est tombé, il compose avec le diable pour remettre en cause la belle cohésion au sein de la CMAS. Aujourd’hui, ce mouvement est devenu un serpent à deux têtes.
Et pour avoir un espace d’expression, il lance l’Appel citoyen pour la réussite de la transition (Acrt Faso Ka Wele). Objectif, selon lui : contribuer à la réussite de la transition malienne qui durera 18 mois.
Selon lui, leur association a été lancée pour rassembler toutes les forces politiques et sociales du pays et se fixe comme objectif d’œuvrer activement à la réussite de la transition à travers un soutien politique et populaire. Cela, pour exiger les poursuites judiciaires contre les commanditaires, auteurs, complices des tueries de Sikasso, Kayes et des 10, 11 et 12 juillet 2020 à Bamako. Et d’exiger des poursuites judiciaires contre les auteurs de détournements des deniers publics et la réalisation des audits des établissements publics. Une association, selon lui, dont le mandat prendra fin avec la transition politique.
Ainsi, concernant leur plan d’actions, les premières activités en vue concernent un débat ouvert le 13 mars prochain, à Baguinéda, à l’endroit des femmes de cette localité et le 7 du même mois, d’un match de football, notamment une finale directe en commune III du district de Bamako.
En sa qualité de président de cette organisation, Issa Kaou N’Djim a fait savoir que la naissance de l’Acrt s’inscrit dans une dynamique de promotion d’espace politique qui soutient la réussite de la Transition, appelant les Maliens, les sensibiliser, les informer et surtout partager cette volonté qu’est la réussite de la période transitoire. « Il n’y a pas d’alternatif à la réussite de la transition. Ça doit être une transition qui nous conduit à la refondation de l’Etat, d’améliorer la gouvernance et d’aller à des élections crédibles, transparentes tout en prenant en compte des préoccupations majeures du peuple malien, le vivre-ensemble et pour appliquer aussi un accord qui doit préserver notre unité », a-t-il étayé.
Le 4ème vice-président du CNT a appelé à se mettre ensemble et rejoindre les plus hautes autorités pour le bonheur du pays. Comme message, M. N’Djim a réitéré leur soutien aux autorités de la transition et d’inviter le peuple à faire confiance aux FAMa. Cependant, il a convié le gouvernement à la bonne communication. « Nous demandons aussi au gouvernement de faire un effort de communication parce qu’il communique très mal…», a regretté le président N’Djim.
Le plan est réaliste. Mais l’homme qui le porte n’inspire certainement plus confiance aux yeux de beaucoup de Maliens. Il est pire que les acteurs de 1991 qu’il qualifie de corrompus.
Zan Diarra