Colonel Assimi Goïta : «Les Assises nationales sont porteuses du flambeau d’un lendemain meilleur pour notre pays»
À l’occasion du lancement des travaux des Assises nationales de la Refondation (ANR), le président de la Transition s’est adressé hier à la Nation pour souligner l’importance capitale de la grande rencontre. Pour le chef de l’Etat, c’est une aubaine pour instaurer entre toutes les filles et tous les fils du pays un dialogue franc, direct et fécond. Il s’agira pour le peuple, a-t-il ajouté, de s’exprimer en toute liberté, sans tabou et sans exclusive, suivant les règles sacrosaintes du dialogue et qui sous-tendent l’écoute mutuelle. Le texte intégral
Chers Compatriotes,
Commençant par rendre grâce à Dieu dans sa Miséricorde, je voudrais avoir une pensée pieuse pour toutes les victimes civiles et militaires, notamment celles qui viennent de faire, il y a moins d’une semaine, les frais d’une barbarie innommable à Songho, dans la Région de Bandiagara.
Une fois de plus, les épreuves du moment s’accentuent tout en resserrant l’étau de l’insécurité autour de nos paisibles populations. Cependant, à y voir de plus près, ces actes criminels, contraires à toute logique de respect des droits humains, ne sont en réalité, que des signes de désespoir et de décadence des forces du mal face à la volonté affirmée des Maliens et de leurs autorités, pour jeter les bases d’une nation équitable, soucieuse du respect de la place qui revient à tous et à chacun.
En plus de la compassion du Gouvernement adressée aux populations éplorées de Songho, de fortes pressions restent maintenues sur les groupes criminels dont la cruauté est fonction des restrictions de mouvements que leur imposent les différentes opérations de sécurisation des populations et de leurs biens, engagées par les Forces de défense et de sécurité sur le terrain.
Cet engagement, nous le devons au peuple malien sans la mobilisation et les contributions duquel, le rééquipement et la montée en puissance de l’Armée seraient illusoires.
Chers compatriotes,
Il y a de cela quelques mois, le Conseil national de Transition validait le Programme d’action gouvernemental dans lequel est consignée la tenue des Assises nationales de la Refondation. L’heure est enfin arrivée d’y faire face avec détermination et sur fond d’amour ardent de la Patrie.
À cet égard, les Assises nationales de la Refondation de l’État du Mali constitueront un moment privilégié d’examen collectif de conscience et de prospective, un événement précurseur du processus de renaissance de notre Pays.
C’est l’occasion rêvée de suspendre les clivages politiques, sociaux et idéologiques, pour créer une dynamique novatrice de mobilisation sociale autour des idéaux historiques de la nation malienne. C’est également l’opportunité de focaliser toutes nos énergies et nos intelligences sur le devenir de notre chère Patrie qui en a vraiment besoin.
Les Assises nationales de la Refondation, qui s’engagent ce samedi 11 décembre et se terminent le jeudi 30 décembre 2021, sont une aubaine pour instaurer entre toutes les filles et tous les fils de ce pays un dialogue franc, direct et fécond, afin d’atténuer les querelles infécondes qui tendent à miner le processus de Transition en cours et nuire à l’espoir de renaissance du peuple malien, pourtant épris de paix et de justice, mais particulièrement attaché à ses valeurs.
C’est dans cette logique que les autorités de la Transition ont initié, en prélude aux Assises nationales de la Refondation, des consultations avec les acteurs sociaux et politiques en mesure de décrisper le climat sociopolitique. La même dynamique a été fort heureusement soutenue par le Panel des hautes personnalités en charge de 1’organisation des Assises nationales de la Refondation. Cette démarche inclusive aura indiscutablement eu le mérite de fédérer plus d’énergies positives autour du processus historique que constituent ces Assises, porteuses du flambeau d’un lendemain meilleur pour notre pays.
Les Assises nationales de la Refondation de l’État sont, par vocation, ouvertes au Peuple malien, donc au Mali profond, le Mali des paysans, des bergers, des artisans, des ouvriers, des ménagères, des personnes âgées, dépositaires de notre sagesse, des communicateurs traditionnels, gardiens de notre patrimoine culturel, des personnes déplacées ou réfugiées. Bref, le Mali de ceux qui souffrent le martyre en silence, le Mali des sans voix.
Il s’agira pour le peuple, de s’exprimer en toute liberté, sans tabou et sans exclusive, suivant les règles sacrosaintes du dialogue et qui sous-tendent l’écoute mutuelle. Il y va de la légitimité des recommandations qui sortiront de ce débat national mais aussi de la nécessaire adhésion du peuple tout entier pour assumer, accompagner, entreprendre par la suite pour l’avènement du nouveau visage de l’État malien.
La réussite de cet évènement hautement important pour le devenir du Mali, se mesurera à l’aune des propositions fortes et pertinentes qui en sortiront et qui aideront à la conduite stratégique de la gouvernance globale de notre pays, en harmonie avec le voisinage immédiat et l’environnement international.
Chers compatriotes,
Le concept de «Mali-Kura» a été adopté par l’ensemble du Peuple malien, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Toutefois, ledit concept a ses exigences. Ainsi, vouloir changer le Mali, c’est changer de prime abord le Malien lui-même. D’où la nécessité d’une transformation fondamentale des mentalités et des comportements. Toute chose qui passe obligatoirement par le renforcement de l’éducation familiale, formelle et non formelle, ainsi que par l’instruction civique.
Ce faisant, nous ne devons nullement oublier que le Mali, en dépit des épreuves du moment, demeure une grande nation qui a été admirée à travers le monde et qui a inspiré une partie de l’Afrique, voire de l’humanité. Il est donc un devoir pour nous tous d’assumer ce bel héritage légué par nos ancêtres.
Les Assises nationales de la Refondation nous offrent une occasion exceptionnelle pour nous interroger sur le type de citoyens que nous voulons être, les valeurs sociétales endogènes que nous voulons accroître et promouvoir, le type de Mali-kura que nous voulons bâtir, le type de leaders dont nous avons besoin pour construire et conduire le Mali nouveau.
Pour ce faire, il faut convoquer notre histoire, nos valeurs pour dessiner les contours d’une nouvelle gouvernance, une gouvernance empreinte de vertus, sous l’impulsion d’une nouvelle classe dirigeante, responsable et crédible avec de nouvelles institutions réduites mais efficaces, inspirées de notre histoire et adaptées à nos réalités sociales, comprises et portées par nos populations.
Chers membres du Panel des hautes personnalités et de la Commission nationale d’organisation des Assises, Il importe que les Maliens se retrouvent dans la vérité et la sincérité autour des problèmes cruciaux qui conditionnent la survie de la nation. Cet exercice exaltant et laborieux de facilitation et de conduite des Assises nationales de la Refondation de l’État pour lequel je vous ai nommés, vous engage au respect de la dignité humaine et à la convivialité, gages d’une réconciliation nationale résolument tournée vers l’avenir.
Conduire un tel processus, qui n’est pas sans tension, requiert, en plus de vos cursus universitaires, de vos expériences professionnelles, des qualités de probité, d’impartialité, de neutralité et de savoir-faire, ne serait pas une tâche aisée. À travers déjà un premier rapport d’étape vous avez su vous hisser au dessus des multiples contradictions qui ont jalonné l’éprouvant chemin de ce dialogue social naissant tant attendu.
Je tiens ici, à vous remercier et à saluer votre dévouement pour lequel je vous adresse mes encouragements et mes vives félicitations. L’espoir étant toujours permis, faites en sorte que vous soyez cette passerelle qui conduira le Peuple malien à ses aspirations profondes de refondation.
Qu’Allah bénisse le Mali et protège les Maliens.